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ARCHIVES - LE HAVRE  
Guerres au Havre
Archives municipales du Havre

6 juin 1944 : que se passe-t-il au Havre ce jour-là ?

Le Jour J tant espéré est enfin arrivé !

Retour sur l’enchaînement de faits qui précèdent cet événement.


Le Havre au début de l’année 1944

Depuis le début de l’année 1944, les actions de résistance menées au Havre et dans ses proches environs, contre les Allemands, en particuliers par les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) se multiplient sous la forme de sabotages et de destructions de sites. Les arrestations menées par la Gestapo contre les groupements de la résistance L’Heure H  et Le Vagabond Bien-Aimé, puis les découvertes de caches par la police, vont affaiblir, tous les jours, un peu plus, les réseaux. Le groupement du Vagabond Bien-Aimé parvient cependant à imprimer et distribuer clandestinement tracts et journaux.

Dès janvier 1944, en prévision du débarquement qui aura pour nom Overlord, les Alliés font monter en puissance les opérations aériennes planifiées pour aider à la réussite de la vaste opération amphibie désignée sous le nom de Neptune. Progressivement la phase Point Blanck combinant les forces de bombardements alliées, dispersent les escadrilles allemandes de chasse, tout en réduisant les stocks de pièces détachées, de lubrifiants et de carburant. Durant ce temps, les côtes et villes de Normandie sont sous surveillance photographique, repérages renforcés en mars par un quadrillage en photos verticales de précision.

La prise du Havre et de son port est sérieusement envisagée en mars, par la section d’étude de la 21st Army Group, avec un prévisionnel d’opération à J + 90 jours, soit vers le 2 septembre.

La réduction des canons allemands à longue portée entre dans cette logique. Le jour de Pâques, la batterie de la ferme Saint-Georges, à Dollemard, est anéantie. Du 1er au 4 juin celles du cap de la Hève et de Bléville-Dollemard sont la cible d’attaques de bombardiers anglais.

Le 5 juin, nuit de pleine lune avec une marée favorable, est fixé comme jour J. Mais les conditions météorologiques détestables obligent à reporter l’opération Overlord de 24 heures. La houle a également contraint les vedettes de surveillance allemandes à écourter leurs missions. L’estuaire de la Seine et les côtes de Haute et Basse-Normandie sont de ce fait sans surveillance maritime.

 

Le 6 juin au Havre

Tout commence dans la nuit du 5 au 6 juin. Au Havre, un vrombissement se fait entendre dans le sud ouest. Minuit : la 1059e alerte depuis le début de la guerre retenti. Une accalmie s’ensuit. À 1 h 40 les hurlements de la 1060e alerte retentissent onze fois de suite.

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Certains Havrais se souviennent que le sol se mit soudainement à trembler, pendant qu’un grondement montait de l’ouest, correspondant à des explosions distantes d’environ 60 km.

Au matin le préfet contacte téléphoniquement la mairie pour faire savoir que les Anglo-américains venaient de débarquer en Normandie. À la Kommandantur, les soldats se relaient pour transférer leurs archives vers un blockhaus construit dans le jardin.

Le camp retranché du Havre est rapidement fermé. La Kommandantur promulgue une interdiction de circuler à bicyclette et en voiture. Dans les rues, des soldats, armés de mitrailleuses, sont postés près des barrages de fils de fer barbelés. Le bruit se répand en ville que le jour J est enfin arrivé. Les autorités allemandes interdisent l’accès à la rue Félix-Faure, mais l’Occupant ne connaissant pas tous les passages, beaucoup de Havrais et quelques Allemands se retrouvent sur les hauteurs de Sainte-Adresse, pour voir les navires alliés au large.

Le port reste interdit par ordre de la Kriegsmarine. Quant aux ouvriers engagés sur les chantiers de l’organisation Todt, ils sont renvoyés chez eux. La ville, petit à petit, reprend le cours de son existence. Des laisser-passer sont donnés aux ouvriers et aux personnes chargés du ravitaillement, puis progressivement la circulation en bicyclette et en voiture redevient libre. Le soir-même quelques postes TSF confirment aux auditeurs, malgré le brouillage, l’engagement des forces maritimes et aéroportés alliées en Normandie.

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Le journal Le Petit Havre, contrôlé par l’Occupant, parle dès le lendemain d’une tentative d’invasion entre Le Havre et Cherbourg perpétrée par les Anglo-américains. La propagande accroît son contrôle de l’information. Ce que ne dira pas la presse, par exemple, c’est qu’un bataillon de 177 Français, dirigé par le commandant Kieffer, et intégré au 4e commando franco-britannique, va débarquer sur la plage de Colleville-sur-Orne, pour s’emparer du port de Ouistreham. Parmi ces fusiliers marins commandos se trouvent 16 soldats originaires du Havre et de sa région.

Au cours des nuits suivantes les vedettes de la Schnellbootflotille basée au Havre parviennent à couler plusieurs navires alliés du flanc est de la flotte.

Le 11 juin, le groupement Le Vagabond Bien-Aimé distribue clandestinement un communiqué qui fait le point sur l’engagement des Américains, des Britanniques et des Canadiens dans les combats en Normandie et redonne ainsi espoir aux Havrais. Une copie du tract, conservée au service des Archives, est présentée ici.

 

Le bombardement du 12 juin

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Un bombardement allié a lieu le 12 juin, de 21h à 2 h 30 qui touche Sainte-Adresse, la plage et le port. La RAF veut détruire plusieurs objectifs, dont la base navale allemande. Dans la nuit du 14 au 15 juin, Le Havre va subir le plus violent bombardement, depuis le début de la guerre : 1815 tonnes de bombes dont certaines de 6 tonnes. En deux assauts successifs, à partir de 22 h 30, puis vers 1 h 30, les bombardements du port et du centre-ville, zone balisée par des fusées lumineuses, génèrent une vague de terreur : 76 Havrais tués, 150 civils blessés, 700 maisons détruites. C’est à ce moment que la Manufacture des Tabacs est touchée, ainsi que des maisons du boulevard de Strasbourg et le haut de l’immeuble dit de Fort-Chabrol – mais surtout 200 soldats allemands tués et 100 blessés, 83 navires touchés ou coulés dont des vedettes lance-torpilles, des patrouilleurs, des torpilleurs, des escorteurs. La force navale allemande au Havre est ainsi considérablement réduite. L’article, paru dans Le Petit Havre du 16 juin, reproduit ici, insiste sur les destructions en ville, mais occulte les lourdes pertes allemandes au plan maritime.

Suite aux opérations de débarquement du D-Day et à l’avancée des troupes alliées, l’importance stratégique de la conquête du port du Havre, pour la logistique et le ravitaillement des armées en marche ne cessera de croître. Le Havre paiera encore plus lourdement ce choix stratégique et militaire au mois de septembre, mais il ne le sait pas encore…

Thierry Vincent
5 juin 2019
Verlaine et le débarquement
Chanson d’automne
Paul Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens
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Le saviez-vous ? Les sanglots longs des violons de l'automne (site du SHD)
Etat des sources 1939-1945

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