On vient de terminer la construction du nouveau pont Notre-Dame.

Il est intéressant de le comparer avec le pont qui fait l ’objet de la gravure ci-contre.

Ce pont à forme cintrée, comme on le voit, s ’ouvrait en deux parties pour laisser passer les navires. Il avait été construit vers 1723 ; il n ’avait certainement rien de monumental ; pourtant il pouvait passer pour un chef-d’oeuvre de perfection comparé à ceux qui le précédèrent. Le premier pont construit sur cet emplacement sous Charles IX n ’était supporté que par des mâts, et on le manœuvrait très difficilement.

Il était si peu solide qu’il s’écroula sous les pas d ’une procession, en 1665.

Beaucoup de personnes tombèrent à l ’eau et furent noyées.

Jusqu’en 1667, le bassin n ’eut pas de portes ; ce fut le duc de Saint-Aignan, gouverneur, et sa femme, qui posèrent les premières pierres des travaux que l ’on exécuta à cette époque.

On éleva aussi un nouveau pont qui fut connu sous la désignation de Pont-aux-Chaînes, ou Pont-aux-Lutins. Le soir on y entendait un bruit de chaînes, dû à des fraudeurs, qui éloignaient par la peur les employés du fisc ; mais les gens superstitieux disaient que c’était le diable qui faisait ce tapage.

C’est à ce pont que succéda celui dont nous donnons la vue, et qui subsista jusqu’en 1777.

Quant aux grilles qui se trouvaient à l ’entrée des quais Videcoq et des Casernes, elles subsistèrent jusqu’en 1829, époque à laquelle on démolit les murailles qui entouraient le bassin de tous côtés, comme cela existe aujourd’hui pour le bassin Dock.

Ces grilles étaient d’un travail très remarquable ; elles supportaient, en fer forgé, les armes de la Ville et du duc de Saint-Aignan, sous le gouvernement duquel ces grilles avaient été placées.

Jusqu’en 1824, le Havre fut port de guerre, les navires de l’Etat étaient amarrés dans le bassin du Roi.